Nous étions tous fatigués, par l'heure tardive et les conditions météorologiques très difficiles de cette journée. Yannick a pris sa voiture pour rentrer à l'hôtel rejoindre Christine qui l'attendait. C'est là que toute une série d'évènements improbables se sont produits pour l'emmener vers son destin.
A la Chapelle, il s'est trompé de route, prenant à gauche la route du col, au lieu de prendre à droite pour rejoindre son hôtel. En montant vers le col, la neige a fini par bloquer sa voiture qui est tombée en panne. Il en est descendu pour tenter de rejoindre son hôtel, qu'il devait croire proche, à pied, et c'est là sur cette route que fatigué, sous la neige qui tombait en fortes rafales, il est tombé, serrant contre lui le sac contenant les derniers carnets de travail.
Yannick, c'était un ami de longue date. Dans les années 70 nous nous étions connus par le Siberian Husky. Il en avait ramené des Etats-Unis où il avait passé une année avec Christine, sa femme, dont il était inséparable. Nous nous étions rencontrés sur les expositions canines et notre passion commune nous avait rapprochés. Puis, par un samedi soir de juin, lors de l'exposition de Championnat de France, qui se déroulait à l'époque Porte de Versailles, avec sept autres passionnés de chiens nordiques, nous avions fondé le premier club de traîneau à chiens, le CPTC, Club de la Pulka et du Traîneau à Chiens, qui devait devenir quelques années plus tard la FFPTC.
Yannick reste indissociable de l'aventure française du Siberian Husky et du Traîneau. Il leur a consacré trente années de sa vie et samedi soir il était encore là à leur service pour être juge de travail du Championnat de France du SHF, et pour les trois autres races aussi. Il était à l'origine de ces brevets de travail qu'il considérait à juste titre comme particulièrement importants pour la race, afin que nos chiens continuent à être beaux et bons.
Ceci il l'avait également démontré durant des années avec ses chiens, qui remportaient des courses aussi bien que les expositions. Durant des années les Sibériens «'O Pieds Agiles » ont montré l'exemple de ce que l'on pouvait faire et de ce que l'on devait faire.
Mais Yannick c'était avant tout un homme droit et intègre. Il a toujours su défendre ses idées avec ténacité et courtoisie, mais il n'a jamais refusé le dialogue. Toujours passionné par le Siberian Husky, il s'est toujours montré très tolérant vis-à-vis de ceux qui ne partageaient pas forcément ses points de vue. Il était l'un des membres fondateurs du SHF. Ces derniers temps il avait décidé de lever un peu le pied, il était fatigué, mais n'avait pas renoncé à venir au Grand Bornand pour juger le Championnat du SHF.
Sa disparition laisse un vide terrible. Toutes nos pensées vont bien évidemment vers Christine, sa femme, et Adrien et Valentine, ses enfants. Yannick n'avait que des amis, et tous ses amis sont présents aujourd'hui dans la douleur.
Nous continuerons à poursuivre notre tâche dans la voie que nous nous étions tracée avec Yannick. Mais les conseils qu'il nous donnait vont nous manquer désormais. Ce qui nous manquera le plus c'est sa présence, sa disponibilité, sa gentillesse et son amitié.
Aujourd'hui, j'espère que « Fool Moon » est près de toi et que vous pourrez, en compagnie de tous les autres « Pieds Agiles » randonner, heureux, sur des neiges éternelles.
Adieu Yannick, adieu notre ami. |
